Opérations sur les tenseurs
En toute rigueur, un tenseur est égal à un autre s'il est le même
élément d'un espace. Ainsi l'égalité ne peut être envisagée qu'entre tenseurs du
même type, c'est à dire des tenseurs associés au même espace vectoriel et présentant le même nombre et la même
disposition des indices.
Nous dirons que deux tenseurs sont égaux si toutes leurs composantes homologues dans une base tensorielle sont égales.
Nous pourrons donc désigner plusieurs tenseurs sous la même notation.
Ce qui nous donne pour les tenseurs suivants :
En particulier, le tenseur sera nul si et seulement si toutes ses composantes dans une base sont
nulles.
On peut remarquer le caractère intrinsèque de cette notion d'égalité.
Soient encore et
deux tenseurs du même type, éléments de
, donnés par :
A priori, l'élément défini par , avec
et
deux scalaires intrinsèques, est un
élément de
:
Donc, si
et
sont les suites de composantes de deux tenseurs
et
du même type, et si
et
sont deux scalaires intrinsèques, alors la suite
telle que
est une suite tensorielle. C'est la suite des composantes du tenseur
Considérons à présent deux tenseurs et
non
nécessairement du même type. Par exemple :
et
Dans la multiplication de
par
, il leur correspond ( du fait de
l'associativité de la multiplication tensorielle) un élément de
qui est :
Donc, si
et
sont les suites de composantes de deux tenseurs
et
, la suite
telle que
est tensorielle; c'est la suite des composantes du tenseur
.
L'ordre du nouveau tenseur ainsi défini est égal à la somme des ordres des deux tenseurs générateurs.
Considérons un tenseur mixte, par exemple .
On dit que l'on contracte le tenseur
en k et m quand, pour tout choix des autres indices, on fait la somme des composantes où k=m.
On obtient ainsi une nouvelle suite de composantes :
On peut, sans difficultés, démontrer la tensorialité de cette suite de composante.
On dit que le tenseur est le tenseur contracté, en k et m, du tenseur
.
On constate que toute contraction d'un tenseur mixte ampute ce tenseur à la fois d'une covariance et d'une variance. Ainsi, à partir d'un tenseur mixte d'ordre p, la contraction nous donne un tenseur d'ordre p-2 qui d'ailleurs, n'est pas nécessairement mixte.
En particulier, si un tenseur d'ordre 2p est p fois covariant et p fois contravariant, p contractions successives nous permettrons d'atteindre un tenseur d'ordre zéro, c'est à dire un scalaire intrinsèque.
Remarque Si la suite tensorielle peut être considérée comme celle des éléments de la matrice
associée à un opérateur, la contraction
donne la somme des éléments diagonaux, qu'on appelle trace de la
matrice. On retrouve ainsi que la trace est invariante par changement de base.
Multiplication contractée
En combinant la contraction à la multiplication tensorielle, on peut définir la multiplication contractée.
Par exemple, et
étant des tenseurs, on peut former les
tenseurs suivants :
Mais on peut écrire directement :
On pourra bien entendu effectuer plusieurs contractions simultanément, les indices associés étant ou non dans le même tenseur.
Pour savoir si une suite est tensorielle, on peut étudier sa transformation par changement de base. Il est cependant souvent plus rapide d'appliquer un critère de tensorialité que nous admettrons.
Pour qu'une suite de composantes
soit tensorielle il faut et il suffit que, pour tout choix du vecteur
, la suite
soit tensorielle.
Mais on peut aussi faire apparaître des contractions plus élevées.
Pour qu'une suite de composantes, à p indices supérieurs et q indices inférieurs, soit tensorielle, il faut et il suffit que son produit complètement contracté par p formes linéaires et q vecteurs soit un scalaire intrinsèque, quelque soit le choix des p formes linéaires et des q vecteurs.
En réalité, il n'est pas indispensable d'effectuer la contraction sur tous les indices, mais la première forme du critère de tensorialité est rarement employée car en général il est souhaitable que la nouvelle suite obtenue par contraction soit la plus simple possible. C'est pourquoi on a recours à la contraction maximum.
Exemple
On veut tester la suite
associée à un opérateur C qui transforme tout vecteur
de
en un autre vecteur
de
(
)
Nous avons donc la contraction complète d'une suite tensorielle à un seul indice avec la suite
. Mais, pour toute suite
nous obtenons une suite
tensorielle car c'est la suite des
composantes d'un vecteurde
. On en
déduit que
est une suite tensorielle.
Cette démonstration est plus rapide que l'étude des changements de base effectuée plus haut.
Remarque
Il arrive parfois qu'on utilise pour la démonstration des suites annexes
obtenues par les composantes d'un déplacement infinitésimal dans l'espace. Bien entendu
ces vecteurs infinitésimaux ne constituent pas tous les vecteurs de mais comme on peut établir une bijection
entre les vecteurs infinitésimaux et les vecteurs finis à l'aide d'une constante
infinitésimale, la démonstration reste
valable.