Tenseur des déformations linéarisé
Comme nous venons de le voir, la caractérisation de l'état de déformation d'un
domaine matériel passe par la détermination de tenseurs plus ou moins compliqués. Quel
que soit le choix fait au niveau des tenseurs, on constate une non-linéarité provenant
essentiellement des termes du type .
Cette non-linéarité de l'état de déformation par rapport au champ de déplacement
complique sérieusement les calculs.
Cependant, dans de nombreux cas, on pourra linéariser l'état de déformation en
faisant l'hypothèse des transformations infinitésimales. Cette hypothèse, encore
dénommée hypothèse des petites perturbations, se décompose en deux idées :
* Le déplacement de chacun des points du domaine matériel est petit. On pourra
ainsi confondre l'état actuel avec l'état de référence.
* Le tenseur gradient de déformation ne contient que des termes négligeables
devant l'unité.
Avec ces hypothèses, les différents tenseurs déformations deviennent :
Cauchy-Green droit
Green-Lagrange
Cauchy-Green gauche
Euler-Almansi
On remarque donc qu'il y a une identification entre les descriptions lagrangienne et
eulérienne.
Ainsi que nous l'avons déjà constaté, ce sont les tenseurs de déformation de
Green-Lagrange et d'Euler-Almansi qui, plus que les tenseurs de déformation de
Cauchy-Green, représente l'état de déformation en un point. En effet dans un
déplacement de corps solide indéformable, les tenseurs de déformation de Green-Lagrange
et d'Euler-Almansi sont nuls, alors que les tenseurs de déformation de Cauchy-Green sont
confondus avec le tenseur identité.
On convient de dire que, dans le cas de petites perturbations, l'état de déformation
est représenté par le tenseur des déformations linéarisé défini par :

Ce qui nous donne pour les coordonnées cartésiennes :

Ce nouveau tenseur est en fait la partie symétrique du tenseur gradient. Pour traiter
de nombreuses applications, il peut être fait l'usage de la partie antisymétrique du tenseur gradient. Les relations sont
les suivantes

Lemploi du tenseur des déformations en lieu et place du tenseur de Green
Lagrange ou du tenseur dEuler
Almansi est une simplification
importante car on obtient une linéarisation des déformations vis à vis du champ de
déplacement. En effet si lon considère deux champs de déplacement et , on peut écrire :

On en déduit alors la relation :

Interprétation géométrique
Avec ce qui précède nous pouvons écrire :

Supposons que
représente, dans la configuration initiale, deux points et . Le vecteur
représentera alors, dans la configuration actuelle les deux points et , transformé des deux points initiaux dans le champ de déplacement. On
a alors les relations suivantes :

Ce qui nous permet décrire :

De plus, on peut montrer quà un tenseur antisymétrique du second
ordre, il est possible dassocier un vecteur de tel sorte que lon puisse
remplacer le produit tensoriel par un produit vectoriel :

Ainsi , au voisinage du point , le champ de déplacement se présente sous la forme suivante :

On peut reconnaître les composantes dun champ de déplacement de
solide indéformable avec une translation et une rotation .
Le reste représente donc la déformation du solide. Cest pourquoi le tenseur est appelé tenseur de déformation.
Remarques
Il existe malheureusement des cas d'études qui ne respectent pas
l'hypothèse de petites perturbations.
On trouve en
particulier le non-respect de cette hypothèse simplificatrice dans des opérations de
mise en forme imposant à la fois de grands déplacements et de grandes déformations.
Mais on peut aussi trouver des applications qui ne respectent pas que l'une des
conditions. Ainsi, en robotique, on est souvent confronté à des problèmes de grands
déplacements, mais dans chacun des éléments, on peut considérer que les déformations
sont très faibles.
Ces hypothèses sont d'une réelle importance pour la simplification des
calculs. Prenons par exemple le cas d'une poutre console encastrée en une section
extrémité, libre à l'autre extrémité et supportant une charge uniformément
répartie.
Déjà la définition rigoureuse de la charge pose un problème. Cette
charge conserve-t-elle une direction constante qu'elle que soit la déformée de la poutre
(cas de l'attraction gravitationnelle), ou bien cette charge est-elle suiveuse,
c'est-à-dire, conserve-t-elle une direction fixe vis à vis de l'élément de poutre sur
lequel est s'applique (cas d'une pression) ?
La réponse à cette question étant trouvée, si on veut déterminer la déformée de
notre poutre en utilisant la théorie classique des poutres, il convient de bien réaliser
que, si cette déformée est grande, on a vite affaire à une poutre courbe. En
conséquence la formule classique devra
être délaissée au profit de la formule suivante qui fait apparaître le rayon de
courbure de notre poutre initialement droite :

Bien entendu
les problèmes d'intégration sont accrus. De plus le calcul du moment de flexion pose
tout de suite plus de difficultés. En effet suivant que lon prenne en compte ou non
la rotation des sections, on constate quil y a une différence dans
lévaluation du bras de levier.
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